Le pont Saint-Pierre de Toulouse retrouve la piétonnisation comme au début du 20e siècle !
Le saviez-vous ? L’histoire du pont Saint-Pierre en dit beaucoup sur l’histoire de la ville rose ! Sur un mode de vie semi-rural au 19e siècle (mais avec une urbanisation croissante) devenu totalement urbain au 20e siècle ; mais aussi sur la bétonisation et l’avènement des voitures jusqu’à une incitation à des déplacements plus doux et écoresponsables au 21e siècle. Les modes de vie et de déplacements évoluant avec le temps, l’usage de ce célèbre pont de la ville a également bien changé depuis son inauguration en 1852.
Le pont Saint-Pierre, tout comme le pont Saint-Michel, ont été construits à la demande des habitants des quartiers périphériques de Toulouse via une pétition datant de 1836. Le seul pont de la ville, le pont Neuf, était en effet perpétuellement engorgé. Le pont Saint-Pierre est finalement inauguré le 5 septembre 1852. Il relie la place Saint-Pierre et l’hospice de la Grave dans le quartier Saint-Cyprien. Le choix est fait de construire un pont suspendu afin de limiter les coûts.
Jusqu’en 1904, le passage du pont était payant : les habitants devaient s’acquitter des droits de péage. Son utilisation témoigne encore du mode de vie semi-rural de la ville rose au 19e siècle : le pont servait alors principalement au passage des animaux amenés des campagnes de la rive gauche vers le marché aux bestiaux situé près du pont des Minimes. On y traversait le pont à pied, à cheval, à vélo, en charrette, puis dès l’apparition des premiers véhicules, en voiture.
Le pont actuel est en fait la cinquième version du pont qui a dû être reconstruit à de multiples reprises, notamment après les crues de 1855 et 1875, puis en raison de sa vétusté.
Par manque de solidité, un arrêté municipal de 1904 interdisait le pont à tous les véhicules, y compris aux vélos qui devaient être poussés à la main. Durant 25 ans, le pont suspendu fut seulement autorisé aux piétons et aux cyclistes, pourvu qu’ils mettent le pied à terre.
Mais devant l’accroissement des véhicules en ville, un nouveau pont en fer plus solide a été construit en 1929 à la place de l’ancien, permettant ainsi aux voitures d’avoir la priorité. Les piétons se sont faits de plus en plus rares tout au long du reste du 20e siècle. Dans les années 1980, le nombre de véhicules qui circulaient sur le pont était tellement important qu’à nouveau on craignait pour sa solidité. En 1983, le passage des véhicules de plus de 3 tonnes fut interdit et le pont passa en sens unique.
La construction du pont actuel date de 1986, elle mit fin à l’ère des ponts suspendus à Toulouse. Le 14 novembre 1987, le nouveau pont fut inauguré en grande fanfare par le maire Dominique Baudis. Le projet sélectionné après concours fut celui d’un ouvrage d’art traditionnel à cinq travées, influencé par l’esthétique du pont Alexandre III à Paris. Les voitures purent à nouveau y circuler à double sens.
Actuellement, le pont retrouve la piétonnisation qu’il a connue au début du 20e siècle. Du 18 juillet au 18 septembre 2022, plus aucune voiture ne circule sur le pont Saint-Pierre. L’usage du pont est en effet réservé aux seuls piétons et aux cyclistes. Une piste cyclable bi-directionnelle a été mise en place. Une grande fresque artistique éphémère a été peinte au sol par les artistes Nicolas Delpech et Benjamin Stoop du collectif Deux Mille. Du mobilier urbain a également été installé. Libéré des voitures, le pont est ainsi rendu aux habitants comme un lieu de vie et de découverte de la ville. La mairie de Toulouse s’est félicitée du succès de cette expérimentation.