Bleu « roi » ou bleu « pastel » ? Le bleu à Toulouse et dans les manuscrits de la bibliothèque
Le bleu est aujourd’hui la couleur préférée des français, voire des européens.
Il n’en a pas toujours été ainsi. Cette couleur arrive « tardivement » dans l’univers quotidien des hommes du Moyen Âge. Il n’y pas de mot d’origine latine pour désigner cette couleur. Le mot « bleu » vient du germanique blau et « azur » de l’arabe lazaward.
La raison en est assez simple : on savait mal fixer cette couleur par manque de pigments de qualité en Occident et elle apparaissait fade et délavée sur les costumes… On le sait, l’homme médiéval aime les couleurs saturées, vives. Ainsi, le bleu ornait plutôt les costumes ordinaires des gens « de basse condition ».
Le bleu est présent sur la robe ou le manteau de la Vierge, mais c’est au départ un bleu sombre ou fade, celui de l’affliction et du chagrin, comme on peut le voir sur cette enluminure du Missel des Frères Prêcheurs (Ms 103) ou sur cette Crucifixion dans le Ms 1272 de la Vie de Sainte-Marguerite
Avec la découverte de nouveaux pigments comme le lapis-lazuli, arrivé d’Afghanistan, le bleu s’éclaircit, devient plus franc. La Vierge est alors revêtue du plus lumineux des bleus, comme ici, dans ce superbe Livre d’Heures (Ms 143), conservé à Toulouse.
Les armoiries royales avec les émaux d’azur et les lis d’or apparaissent pour la première fois sur l’écu de Louis VIII dans les vitraux de Chartres vers 1215. Le roi Louis IX appelé aussi « saint Louis », par piété et dévotion à la Vierge, va les adopter non seulement pour son emblème, mais aussi son costume et son décor. Ci-dessous, une enluminure avec Louis VIII et Blanche de Castille, les parents de Louis IX, dans le Ms 512…
La ville de Toulouse a tissé un lien particulier avec la couleur bleue, car la production et le commerce d’une plante tinctoriale, le pastel, va faire la renommée de la ville durant la Renaissance. En témoigne les superbes hôtels particuliers des marchands pasteliers : ici, la porte de l’hôtel de Felzin attribuée à Nicolas Bachelier. Véritable bijou d’architecture du 16e siècle
Le bleu « pastel » habillera les toulousains et pyrénéens, comme ces paysannes au marché de Bagnères en Bigorre !
Des costumes traditionnels, aux jeans et aux maillots des footballeurs français, la mode du bleu est lancée et ne s’arrêtera plus !