De quelques livres de loisirs par Capendu : colorier, animer, jouer …
En écho à la récente acquisition de La Maison des poupées
Au début du 20e siècle, le libraire parisien Capendu développe une activité éditoriale en investissant le livre de divertissement pour enfants. Il publie ainsi de nombreux livres animés, des livres de coloriage, ou encore des albums à lire où l’image chromolithographiée est prépondérante et attractive.
Tout au long du 19e siècle, l’offre de livres d’enfance et de jeunesse s’est diversifiée. Si deux éditeurs majeurs se détachent a posteriori pour le curieux contemporain – Hetzel avec notamment ses livres d’étrennes et Hachette avec ses livres scolaires – la réalité éditoriale de la littérature jeunesse est évidemment plus nuancée. Livres d’éditeurs provinciaux catholiques de la première moitié du siècle, de libraires imagiers, livres scolaires, livres jeux, journaux spécialisés pour filles ou garçons… les enfants se sont vus proposer des ouvrages de plus en plus variés, à mesure que l’enseignement scolaire s’est structuré, et que la volonté d’éducation, de formation et d’offre de loisirs pour le petit citoyen s’est affirmée.
Il s’agit en effet d’abord d’apprendre à l’enfant en le divertissant. Et cette idée a également influencé les éditeurs de loisirs, de John Newberry au 18e siècle en Angleterre jusqu’à Alexandre Capendu en France, le premier mettant d’ailleurs en avant dans son catalogue la devise Deluctando monemus (L’instruction par le plaisir), inspirée des Pensées de l’éducation (1693) de John Locke.
L’œuvre de Locke mais aussi celles d’autres après lui, comme par exemple le célèbre Emile ou de l’éducation(1762) de Jean-Jacques Rousseau, ont fortement imprégné la vision de l’enfance et renouvelé la conception des principes pédagogiques.
Alexandre Capendu, qui reprend le fond de la librairie Guérin-Müller en 1880, développe sa « Librairie enfantine illustrée » en proposant des alphabets, des livres à jouer, des livres animés adaptés notamment de productions allemandes. Bénéficiant de deux succursales en Belgique et à Londres, il poursuit activement les orientations de son prédécesseur dans le domaine du loisir, et publie par exemple en 1882 La Maison des poupées, « spécialement destinée non seulement à la récréation mais aussi à l’instruction des demoiselles ».
Il édite aussi des albums à transformations, tel ce livre pêle-mêle Les 100.000 métamorphoses de Monsieur clown où par jeu combinatoire, l’enfant s’amuse à transformer la physionomie du clown.
Les éditions Capendu diffusent surtout dans le premier tiers du 20e siècle, le travail de leur illustrateur vedette, le montpelliérain Jean Matet, dont le style très caractéristique est mis à contribution dans nombre de collections : « album à colorier », « album à découper », « livre indéchirable »…
Jean Matet (1870-1936), illustrateur, peintre et dessinateur publicitaire a produit des affiches, des partitions, mais surtout des livres pour enfants aujourd’hui introuvables en bon état, puisque ces ouvrages à manipuler ont été abîmés par l’usage.
Fait notable, un certain nombre des publications de Capendu a été édité par l’imprimerie toulousaine Sirven, fondée en 1834 par Bernard Sirven et devenue au cours du 19e siècle l’une des plus importantes imprimeries papeteries françaises.
En 2010, la bibliothèque de Toulouse a pu intégrer à ses collections patrimoniales de littérature jeunesse un fonds d’invendus d’albums de coloriage, principalement de Jean Matet, publiés par Capendu et imprimés par Sirven.
Cette collection rassemble en plus des ouvrages courants des travaux d’épreuves, des maquettes, etc., offrant ainsi aux lecteurs d’aujourd’hui une photographie précieuse du travail d’élaboration des livres de coloriage au début du 20e siècle.
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