La prairie des Filtres à Toulouse
De l’eau de Garonne … à l’eau des fontaines
Connaissez-vous l’histoire de la prairie des Filtres et des manifestations plus ou moins insolites qui s’y sont déroulées ?
Non, alors remontons le temps… retour au 19e siècle.
Toulouse, connaît dès la seconde moitié du 18e siècle, une augmentation de sa population qui se confirme au 19e siècle avec l’arrivée massive d’une population rurale qui trouve refuge à Toulouse quand la terre ne suffit plus à la nourrir. Les problèmes d’hygiène et de salubrité, déjà existants, augmentent de façon importante. La mise en place d’un réseau efficient d’alimentation en eau potable devient alors essentiel pour la population.
Il faut attendre 1817 et le versement de 50 000 livres (francs-or) léguées à la ville par l’ancien capitoul Charles Laganne pour que la ville entreprenne la réalisation d’un plan d’adduction d’eau.
Après plus de 3 années d’enquêtes et de débats, c’est le cours Dillon sur la rive gauche de la Garonne, qui est choisi pour l’installation du château d’eau et des équipements hydrauliques.
L’emplacement situé en bord de fleuve bénéficie à la fois de la force motrice du courant et de la proximité du Pont Neuf pouvant recevoir sous la chaussée, la canalisation de distribution d’eau. Cette dernière, devant alimenter ensuite plus de 90 points d’eau (fontaines, abreuvoirs, bornes-fontaines) répartis dans la ville. Autre élément favorable à cette installation et non le moindre, le « filtrage » naturel des eaux de la Garonne par la masse alluvionnaire formé au bas du mur du quai Dillon, dans laquelle sont établies des galeries filtrantes qui alimentent le château d’eau donnant ainsi son nom à la prairie des Filtres.
Les travaux débutent en 1821. Le château d’eau est terminé en 1825 permettant la distribution des eaux à la grande satisfaction des toulousains.
Château d’eau dans les années 1850-1860
Dessiné par l’architecte toulousain Jean-Antoine Raynaud (1787-1854). Le système hydraulique a été conçu par le mécanicien Jean Abadie (1773-1846)
Plusieurs galeries filtrantes sont installées en 1821, 1827, 1829, 1860 mais elles s’avèrent néanmoins insuffisantes pour répondre à la demande d’une population toujours croissante. Après plusieurs crues dont celle de 1875 qui détruit une partie des installations, ce système de distribution d’eau est progressivement délaissé jusqu’à son abandon définitif en 1913.
En 1974, Jean Dieuzaide et le Cercle des XII redonnent une seconde vie au château d’eau en y installant le premier lieu d’exposition consacré uniquement à la photographie « la Galerie du Château d’eau ».
La prairie des Filtres devient, quant à elle, un jardin public en 1976 très apprécié des toulousains.
La prairie des Filtres, un lieu de vie pour la population toulousaine
Durant toutes ces années, elle est le lieu privilégié d’événements et de manifestations diverses et variées.
Terre de pâturage, elle devient également terre de labour pour la culture des pommes de terre en 1917 et la mise en place de jardins potagers entre 1939 et 1945 pour faire face à la pénurie de produits agricoles.
Elle est également lieu d’entraînement et de parade pour les militaires.
ainsi que le terrain de jeu des premiers matchs de rugby dont la finale opposant le Stade toulousain au Stade français en 1903.
La prairie des Filtres est également transformée en lieu d’exposition pour les foires agricoles, les fêtes foraines et les cirques avec l’installation du cirque Barnum en 1902.
On y joue même aux cow-boys et aux indiens avec l’arrivée en octobre 1905 du Buffalo Bill’s wild west show.
Les usages sont donc multiples, du tirage des feux d’artifices aux baloches et autres concerts, la prairie des Filtres sera même occupée par la fan-zone pour les matchs de la Coupe du monde de football 2018… Champions du monde !