Les Toulousains face à la Grande Guerre
À l’occasion du 11 novembre, commémoration de la signature de l’armistice de 1918 au lendemain de la Grande Guerre, Rosalis vous propose de revenir sur la vie quotidienne des Toulousains durant la Première Guerre mondiale.
Et Toulouse entre en guerre…
Samedi 1er août 1914 :
Jaurès assassiné […] La France mobilise ce matin.
La nouvelle fait les gros titres de la une du Midi socialiste et se propage rapidement dans les rues de la ville. La mort du socialiste, ardent défenseur de la paix, signe l’entrée de Toulouse et de la France dans ce qu’on nommera plus tard la Grande Guerre.
La population toulousaine découvre l’affiche de mobilisation générale le 1er août 1914 à 18 heures.
Tous les hommes doivent faire leur devoir !
Les hommes mobilisés doivent rejoindre la gare de Matabiau pour partir au combat, en particulier ceux du XVIIe Corps de Toulouse. Dès la mi-août, des convois de réfugiés italiens arrivent également en gare, dont des vieillards, des femmes et des enfants. Ils sont suivis par de nombreux convois qui transportent les prisonniers allemands, les blessés du front et les troupes coloniales (Sénégalais et Indiens notamment) vers le front au nord.
Parallèlement, l’administration militaire réquisitionne tout ce qui peut lui être utile : chevaux, mulets, automobiles, nourriture, etc. Des commerces doivent fermer, d’autres restent ouverts mais sont vides. L’inflation augmente. La municipalité organise alors des distributions de repas. Des jardins potagers urbains essaiment un peu partout.
Les spectacles, qui avaient été stoppés par la guerre reprennent peu à peu dès la fin de l’année 1914 et permettent à la population de se changer les idées. Le cinématographe attire du monde à l’Apollo-Théâtre, où on transmet les « actualités militaires », c’est-à-dire les films de propagande officiels.
Des pièces de théâtre plus légères continuent aussi d’être jouées. Malheureusement, le 10 août 1917, un incendie brûle le théâtre du Capitole et prive les Toulousains de leur salle mythique durant plusieurs années.
Des années difficiles
Les restrictions sont de plus en plus drastiques à partir de l’année 1917. Le chauffage et l’éclairage au gaz sont fortement réduits en raison de pénuries. Le sucre est rationné, la viande est interdite à la vente et les Toulousains mangent désormais du pain rassis sur ordre du ministre du ravitaillement. Une solidarité s’organise pour offrir des denrées alimentaires aux plus nécessiteux, notamment aux orphelins de guerre, via la Croix-Rouge et le grand magasin « Aux Dames de France ». Une exposition sur la guerre est organisée par la Mairie au profit des orphelins.
Toulouse, portée par sa grande poudrerie, est devenue une des principales villes d’armement de l’arrière. Latécoère a installé ses hangars et une piste d’atterrissage à Montaudran en 1917 ; et en mai 1918, le premier avion sort des usines.
On y emploie des chômeurs français, des Espagnols et de nombreuses femmes. Les hommes étant au front, les femmes s’organisent pour reprendre leurs activités : elles deviennent factrices, institutrices, conductrices de Tramway, infirmières, etc. Elles sont largement impliquées dans les infrastructures qui viennent en aide aux blessés, par les œuvres de charité et le soin aux malades.
Enfin… La guerre prend fin !
Après quatre longues années, l’armistice est finalement signé le 11 novembre 1918. Des affiches placardées devant l’immeuble de La Dépêche l’annoncent aux Toulousains. Dans les rues, la foule laisse éclater sa joie. Mais il faudra attendre encore 9 mois pour que les soldats survivants rentrent chez eux. Ces poilus rentrent, avec des blessures physiques et psychiques, après la signature du Traité de Versailles le 28 juin 1919.
En quelques heures une marée humaine envahit les rues de la ville. Un hommage leur est rendu le 9 août 1919 sur la place du Capitole.
Des monuments aux morts sont construits dans toute la France. Celui de Toulouse est inauguré en 1928 sur les allées François Verdier. Parmi les Toulousains, on compte plus de 4000 soldats morts.