Toulouse sous la plume de … Nougaro versus Stendhal
Comment décrire, définir ou raconter la ville, sa propre ville ou celle que l’on traverse, que l’on y soit né ou simplement de passage ?
Choisissons deux auteurs, le premier est un écrivain du 19e siècle, Henri Beyle, plus connu sous le pseudonyme de Stendhal. Le second est un compositeur-interprète et poète, Claude Nougaro .
Le premier a a écrit « Voyage dans le Midi de la France » où il raconte son passage dans la cité toulousaine. Le second a composé une chanson, « Ô Toulouse », dans laquelle il rend hommage à sa ville natale.
Petit dialogue imaginaire …
Nougaro – Quand je décide d’écrire « Ô Toulouse » en 1967, je suis loin de ma ville natale… Je suis à Paris et traverse une période où ma vie est passablement compliquée. Du coup la première version de la chanson n’est pas vraiment un hommage car j’ai quand même passé une enfance et une adolescence difficiles à Toulouse, mais bon… c’est Odette, ma seconde épouse, qui m’a dit d’en faire, et je la cite, « un chant d’amour et non un chant de rancune. » Et c’est ce que j’ai fait ! J’ai raconté ma ville … l’eau et la brique, l’accent toulousain, l’église Saint-Sernin, les rues, les pavés et le Capitole, qui sont les éléments de ma cité gasconne !
Stendhal – Je suis né à Grenoble en janvier 1783. Au cours de ma carrière, j’ai entrepris plusieurs voyages en France et à l’étranger qui feront l’objet de plusieurs récits, dont « Voyage dans le Midi de la France » qui aurait pu constituer le troisième volume de mes « Mémoires d’un touriste ». Mais ce projet littéraire n’aboutira pas. « Voyage dans le Midi de la France » restera sous forme de manuscrit autographe jusqu’en 1927, date à laquelle M. Louis Boyer en donnera, 85 ans donc après ma mort, une publication luxueuse aux éditions Horizons de France, ce pourquoi je le remercie !
Mais bon, revenons à Toulouse ! J’y fis un court séjour du 27 au 28 mars et du 25 au 27 avril 1838. Je considère la province comme un lieu sans véritable intérêt où un honnête homme ne saurait vivre et Toulouse ne fait pas exception.
Toulouse est presque aussi laide que Bourges.
Vous parlez, monsieur Nougaro, d’eau et de brique, et je dois reconnaître que « l’eau est excellente à Toulouse. C’est la seule supériorité que cette laide cité a sur Bordeaux dont l’eau est affreuse… » En flânant, mes pas m’ont « conduit à une place triangulaire, Sainte-Trinité, au milieu de laquelle est une fort jolie fontaine : une coquille de marbre blanc soutenue par trois sirènes. Abondance d’une belle eau. »
Pour ce qui est de la langue et de l’accent, qui vous sont chers, c’est facile : « je comprends parfaitement le toulousain qui ressemble infiniment plus à l’italien qu’au français ; il me semble entendre un dialecte d’Italie. »
Ah ! Saint-Sernin, j’y suis retourné plus d’une fois ! « Magnifique église à arcades rondes … les peintures sont touchantes mais l’église est mal tenue ; elle a de l’odeur… » « C’est le premier édifice roman qui m’ait donné une profonde sensation de beauté. »
Mais ne me parlez pas des rues et des « petits pavés gris noir de la forme d’un rognon à la brochette » ! Ces pavés me font « un mal terrible ».
Il faut dire que j’ai des cors aux pieds et qu’à 55 ans je pèse un certain poids (à 33 ans, je pesais déjà 94 kilos, mais chut !).
Nougaro – Rassurez-vous monsieur Stendhal, ici à Toulouse, nous avons le plus grand respect pour vos pieds, la preuve ! Un an après votre séjour, en avril 1839, des essais de pavage à l’asphalte sont entrepris rue d’Angoulême et rue des Marchands.
Stendhal – Et pour finir votre Capitole…
« … est tout ce qu’il y a de plus laid mais le reste de la ville est si mesquin que la vue de ce gros bâtiment donnant sur une place à peu près carrée fait plaisir ! »
Je sais, mon jugement est souvent explosif et sans appel ! Mais comme je le disais à un de mes amis : « on ne devrait jamais écrire de Voyage sur un pays qu’on n’habite qu’un an… Pourquoi , on ne le connaît pas – Ah ! Ah ! »