En villégiature aux Pyrénées
So bristish !
Dès la fin du 18e siècle, les Pyrénées voient affluer les touristes britanniques attirés par la réputation naissante des eaux thermales.
Après la Restauration de 1815, de riches sujets acquièrent des terres pour s’y faire construire de magnifiques demeures, s’installent pour passer l’hiver à Pau dont la douceur du climat est vantée par les médecins anglais.
Cette vogue coïncide avec le Grand Tour qu’effectuent de jeunes aristocrates sur le Continent.
Sont alors publiés en langue anglaise des récits de voyages, des romans, des albums de dessins ou des lithographies dont la bibliothèque municipale de Toulouse possède de nombreux titres dans ses collections pyrénéennes.
Les touristes parcourent les sites prestigieux des Pyrénées, leur carnet de notes ou de croquis à la main.
Cependant on ne parle pas encore d’ascensions : les villes d’eaux, Eaux-Bonnes, Eaux-Chaudes notamment, les villages pittoresques constituent l’essentiel de leurs pérégrinations.
… les français arrivent aussi !
Le 19e siècle est la grande époque de la renommée des Pyrénées.
La création, l’amélioration des routes rendent l’accès plus facile, les prix sont attractifs ; pendant la première moitié du siècle, l’affaiblissement progressif de la monnaie diminue le coût d’un voyage aux Pyrénées. Mais au-delà de ces considérations matérielles et économiques, la bourgeoisie se rend aux Pyrénées parce qu’il est de bon ton d’y aller, notamment pour prendre les eaux.
Dans un certain milieu, tout homme qui connaît le code des obligations mondaines se doit d’avoir fait son voyage aux Pyrénées.
Elles attirent aussi par les mystères qu’elles proposent aux voyageurs : le parfum enivrant et exotique d’une Espagne farouche et encore mal connue, les populations pittoresques, les paysages héroïques…
Les touristes utilisent les nombreux guides du voyageur ; on y trouve une foule de détails nécessaires pour s’installer commodément, connaître le pays, ses sites célèbres.
Souvenirs, souvenirs…
Pendant la période romantique, tout voyageur se doit également de posséder son album de dessins. Les artistes amateurs et professionnels parcourent en nombre les chemins, exploitent avec bonheur les lacs, nappes d’eau paisibles reflétant parfois des cimes déchiquetées et torturées, les cascades évoquant la fuite du temps, les pics emblématiques. Le cirque de Gavarnie devient par excellence le lieu pyrénéen prestigieux.
La découverte en 1815 du procédé de reproduction lithographique accentue ce goût : ainsi ceux pour qui le dessin n’est pas familier peuvent emporter quand même un souvenir des paysages admirés.
Avec la diffusion importante de la lithographie, les Pyrénées entrent dans chaque demeure. Les vues lithographiées connaissent un grand succès populaire. Ce sont des « souvenirs » que la mode des Pyrénées a fait naître.
Elles sont en quelque sorte l’ancêtre élégant de la carte postale.