Portraits de Toulousaines : les artistes
L’équipe de Rosalis vous propose de poursuivre le tour d’horizon des portraits de Toulousaines à ne pas oublier. Dans cet article, ce sont les artistes qui sont mises à l’honneur.
Paule de Viguier ou « La Belle Paule » (1518, Toulouse – 1610, Toulouse), poétesse
Fille d’un marchand toulousain, Paule de Viguier fut réputée pour sa grande beauté. C’est François Ier, en visite à Toulouse en 1533, qui, après avoir reçu les clefs de la ville de ses mains, donna à la jeune fille de 14 ans le nom de « Belle Paule ». Comme le montre une peinture d’Henri Rachou au Capitole, les capitouls avaient demandé qu’elle apparaisse aux yeux des Toulousains en se montrant deux fois par semaine à sa fenêtre.
Mais Paule de Viguier n’était pas seulement une belle femme : elle utilisa sa renommée et sa fortune familiale pour entretenir par la suite de nombreux artistes. Elle ouvrit les portes de son hôtel particulier aux poètes et aux chanteurs. Elle-même d’ailleurs, marquée par la mort brutale de son fils, composa de la poésie lyrique en contant sa douleur. Elle participa ainsi à la Renaissance toulousaine en contribuant à l’évolution des mentalités sur les femmes et au renouveau des arts à Toulouse.
Elle mourut à Toulouse en mars 1610 et fut ensevelie auprès de sa mère, dans le tombeau des Lancefoc situé au couvent des Augustins, dans la chapelle des onze mille Vierges. Son caveau continua d’être visité longtemps après sa mort par les Toulousains.
Madame Albert (1805, Toulouse – 1860, Chartres), comédienne de théâtre et chanteuse lyrique
Mme Albert a commencé à jouer dès l’âge de 4 ans. Avant d’être connue sous le nom de Mme Albert, Marie Charlotte Thérèse Vernet était comédienne de vaudeville à Montpellier, Nîmes et Perpignan.
Elle s’essaya ensuite à une carrière de chanteuse lyrique. En début de carrière, elle chanta en effet à l’Opéra de Toulouse. Elle joua durant six ans au Grand Théâtre de Bordeaux, puis elle monta à Paris où elle intégra la troupe lyrique de l’Odéon en 1825. Elle commença alors une carrière à Paris et intégra divers théâtres pour jouer des vaudevilles et des comédies.
Cependant, elle dut interrompre sa carrière brutalement en raison d’un cancer du sein. Après son rétablissement, elle rejoua un peu au Théâtre de la Gaîté à Paris avec son mari. Mais suite à une rechute, elle dut se retirer dans une maison de santé tenue par des religieuses où elle mourut à l’âge de 54 ans.
Jane Atché ou Jal (1872, Toulouse – 1937, Paris), affichiste
Après avoir fait des études d’art, Jane Atché entra dans les ateliers des célèbres affichistes Firmin Bouisset et Alfons Mucha, mais aussi des peintres Jean-Paul Laurens et Jean-Joseph Benjamin-Constant. L’influence de Mucha, connu pour ses affiches de style Art nouveau, est majeure dans son œuvre graphique.
A l’occasion de l’Exposition d’affiches artistiques françaises et étrangères à Reims, Jane exposa une affiche pour le papier à cigarette Job, dont le style résolument Art nouveau précèda les deux affiches de Mucha pour la même marque. L’œuvre revendiqua une certaine liberté féminine et la célébrité de l’illustratrice, alors âgée de 24 ans, fut instantanée. Le médaillon Méditation, lithographié en noir et blanc, qu’elle présenta au Salon de 1897 fut analogue à l’affiche Têtes byzantines que Mucha composa la même année.
Forte de son succès, elle réalisa des affiches publicitaires pour le chocolat Vincent, La Célestine, ou encore les Cycles Peugeot ; et publia une série de 12 cartes postales sur les jeux d’enfant qu’elle signa « Jal ». Elle fut également peintre et réalisa notamment des panneaux décoratifs : Le Gui et Le Houx en 1898, La Femme aux pavots en 1899, La Cigarette et l’Éventail. Son œuvre est aujourd’hui exposée au Musée du Pays rabastinois.
Renée Aspe (1922, Toulouse – 1969, Toulouse), peintre
Renée Aspe, qui n’aimait pas les études, fut inscrite par sa mère à l’école des Beaux-Arts de Toulouse à l’âge de 14 ans. Elle poursuivit sa formation à Paris, auprès d’André Lhote et Jean Soubervie.
Éprise de liberté, toujours en quête de la réalité poétique et refusant la voie de l’art abstrait, Renée Aspe bâtit une œuvre colorée, protéiforme et éminemment personnelle, abordant les thèmes qui lui étaient chers : Toulouse, les voyages, le monde du cirque, les fêtes populaires, les portraits de « petites gens » mais aussi de célébrités (Edwige Feuillère, John Wayne…), les chalutiers de pêcheurs, etc…
Membre des « Toulousains de Toulouse » à partir de 1948, Renée Aspe sut faire rayonner l’art toulousain dans le monde entier. Son œuvre rencontra immédiatement le succès, elle exposa ses peintures, ses dessins et ses céramiques peintes, dès la fin des années 1940, dans les salons et galeries de Toulouse, de Sète, de Paris, de Barcelone, ou encore de New-York. Renée Aspe disparut en pleine gloire en 1969, à seulement 47 ans.
Mady Mesplé (1931, Toulouse – 2020, Toulouse), cantatrice
Mady Mesplé naquit à Toulouse dans une famille de mélomanes. Elle intégra le Conservatoire de musique de Toulouse à 7 ans et demi. Avant de triompher par le chant, c’est grâce au piano qu’elle gagna d’abord sa vie en accompagnant des concerts de variétés. Elle fit ses débuts professionnels comme cantatrice soprano à Liège en 1953, puis enchaîna les rôles notamment à l’Olympia de Lyon, et au Festival d’Aix-en-Provence. Puis elle entra à l’Opéra-Comique de Paris en 1956 dans les rôles de Lakmé, puis plus tard d’Olympia dans Les Contes d’Hoffmann, où elle triomphe en montrant la richesse de ses aigus et suraigus. Elle se produisit à Garnier deux ans plus tard dans un rôle plus moderne et profondément tragique, éprouvant davantage les graves, dans les Dialogues des Carmélites de Poulenc.
Sa carrière prit ensuite une dimension mondiale et elle enchaîna les concerts dans les plus prestigieuses maisons européennes et américaines dans les années 1970. Elle chanta ainsi au Metropolitan Opera House de New York en 1973, dans le rôle de Gilda.
Elle est aujourd’hui également connue pour ses passages par le petit écran, notamment sur « La Chance aux chansons » dans les années 1980. Elle mourut de la maladie de Parkinson. Elle s’était engagée en faveur de la recherche et de la santé des malades durant les dernières années de sa vie.