Portraits de Toulousaines : Les musiciennes et danseuses
L’équipe de Rosalis poursuit son tour d’horizon des portraits de Toulousaines, plus ou moins restées célèbres dans l’Histoire, mais dont les destins (extra) ordinaires, méritent d’être sortis de l’oubli. Cet article met en avant les musiciennes et les danseuses qui sont nées et/ou ont vécu à Toulouse.
La Bibliothèque de Toulouse et Rosalis se sont engagés depuis plusieurs mois sur plusieurs cycles d’ateliers de contribution à des articles Wikipédia sur des portraits de femmes toulousaines, en lien avec les associations Wikimedia France et les sans PagEs. Pour aller plus loin, une collection numérique sur des femmes toulousaines devrait être être mise en ligne sur Rosalis en 2025.
Emilie BIGOTTINI (1784, Toulouse – 1858, Paris), danseuse d’opéra

Emilie Bigottini est née à Toulouse en 1784 dans une famille italienne. Son attrait pour les métiers du spectacle, elle le doit sûrement à son père, François Bigottini, célèbre Arlequin de la Comédie Italienne de Paris. Elle entre à l’opéra de Paris à seulement 17 ans. Svelte et précise, elle excelle dans différents genre comme le ballet mais aussi la pantomime, un spectacle narratif de mime accompagné de musique. Moderne, elle joue aussi bien des rôles de femmes que d’hommes, comme lorsqu’elle joue Victor dans le ballet « Les pages du duc de Vendôme » d’Hippolyte L. en 1820.

Perçue comme une référence de bon goût artistique, elle échappe à la mauvaise réputation qui accablait souvent ses consœurs, jugées d’immoralités. Son succès est tel qu’elle est enterrée dans le célèbre cimetière du Père-Lachaise à Paris, suite à sa mort en 1858. On dit que Napoléon était l’un de ses fervents admirateurs.

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C. Dreyfus, La grande encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts. Tome 6 […], Paris, 1885-1902, p 812-813
Bibliographie
- M. Babault, Annales dramatiques , ou Dictionnaire général des théâtres. Tome 2 […], Paris, 1808[-1812]
- C. Dreyfus, La grande encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts. Tome 6 […], Paris, 1885-1902, p 812-813
- F. Bouvier, Une danseuse de l’Opéra : La Bigottini, 1909
- Article « Des miniatures à des prix géants », dans : La Tribune (France), Vendredi 24 février 1995
Marguerite Canal (1890, Toulouse – 1978, Cépet), cheffe d’orchestre, pianiste et compositrice

Marguerite Canal est née le 29 janvier 1890, à Toulouse, dans une famille de mélomanes. Sa mère est pianiste et son père la pousse dans des études musicales. En 1902, la famille s’installe à Paris. Marguerite entre au Conservatoire de Paris, dans les classes de chant et de piano. Durant ses études elle obtient plusieurs prix. Lors de la Première Guerre mondiale, en 1917, elle devient la première femme à diriger un orchestre pour les blessés de guerre à Paris. Après guerre, elle est la deuxième femme à obtenir le Premier grand Prix de Rome en composition musicale.
Elle mène alors deux carrières en parallèle : d’un côté elle est musicienne compositrice et de l’autre enseignante. En 1919, elle devient professeure de solfège au Conservatoire, carrière qu’elle doit stopper un temps dans les années 1920, avant de la reprendre en 1932. En tant que pianiste, elle joue de nombreux concerts et accompagne au piano Ninon Vallin dans ses récitals. En tant que compositrice, elle crée de nombreuses mélodies et berceuses pour piano inspirées de poèmes de Charles Baudelaire, Paul Verlaine, etc. Elle est nommée Chevalier de la Légion d’honneur en 1939.
Mais, après la Seconde Guerre mondiale, le mode de diffusion de la musique change : aux nombreux concerts donnés dans l’entre-deux-guerres, se succède la diffusion via la radio et les disques. La carrière de Marguerite Canal s’essouffle alors, son oeuvre tombe progressivement dans l’oubli. Affaiblie par une maladie, et sans véritable soutien dans la capitale, elle termine sa vie dans la banlieue toulousaine, où elle meurt en 1978, à 88 ans. La ville de Toulouse lui rend hommage : son oeuvre est notamment jouée en 2004 lors d’un concert à l’église Saint-Exupère.
Sur France Musique, le 15 décembre 2014, Guillaume Chilemme et Nathanaël Guoin interprètent un extrait de la sonate pour violon et piano de Marguerite Canal.

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J. Lunet, Article “Marguerite Canahttps://rosalis.bibliotheque.toulouse.fr/ark:/12148/bpt6k9606415z/f19.iteml, une musicienne toulousaine mal connue”, dans L’Auta, novembre 2004, p. 607-610
Bibliographie
- A. Rigaud, Article “Mlle Marguerite Canal Grand Prix de Rome de Musique nous dit ses projets”, dans : Comoedia, 5 juillet 1920 (Gallica)
- P. Bertrand, Article “Concours de Rome (3 juillet 1920)”, dans : Le Ménestrel : journal de musique, 9 juillet 1920 (Gallica)
- J. Lunet, Article “Marguerite Canal, une musicienne toulousaine mal connue”, dans L’Auta, novembre 2004, p. 607-610 (Rosalis)
- Machart Renaud, Article « Acceptées au XVIe, rejetées depuis le XIXe », dans : Le Monde, 24 octobre 2005, p. 3-4
- Article “Marguerite Canal, cheffe d’orchestre et compositrice oubliée de Toulouse”, dans : ActuToulouse, 19 novembre 2017
Carmen GOMEZ (dite « La Joselito » (1906, Barcelone – 1998, Toulouse), danseuse de flamenco

Carmen Gomez, plus connue sous le nom de scène « La Joselito », est considérée comme l’une des plus grandes danseuses de Flamenco. Cette espagnole, née à Barcelone le 6 janvier 1906, est une Toulousaine de cœur, où elle a vécu près de 25 ans à la fin de sa vie. Elle débute à l’âge de 5 ans le flamenco. C’est durant l’entre-deux guerres que sa gloire grandit grâce à des récitals où elle se produit dans le monde entier. Dans les années 1930 et 1940, elle se produit souvent en France et apprend à parler français. Durant la seconde guerre mondiale, en 1942, on dit d’elle dans « Le Progrès de Bordeaux » (7 février 1942) : « La Joselito est beaucoup plus qu’une danseuse, c’est une ambassadrice. Son amour de l’art crée l’amour de l’Espagne, tant sa danse est un hommage fervent à la terre natale. »
Malheureusement, elle doit interrompre sa carrière en 1956 suite à la mort de son mari, Juan Relampago, qui était son guitariste. Elle consacre alors le reste de sa vie à l’enseignement de la danse. Elle s’installe à Toulouse en 1974, et y reste jusqu’à sa mort le 18 juin 1998. Sa ville d’adoption lui a rendu hommage en 1989 : une exposition lui est consacrée au Théâtre du Capitole de Toulouse et la municipalité lui a remis la médaille d’or de la ville de Toulouse.
A cette occasion, France 3 Région Toulouse lui consacre un reportage le 1er avril 1989 visible en ligne sur l’INA.

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Article « La Joselito, Ramon Montoya », dans : Le Midi socialiste, 6 janvier 1937, p. 3
Bibliographie
- Article « La Joselito, Ramon Montoya », dans : Le Midi socialiste, 6 janvier 1937, p. 3 (Rosalis)
- Clair-Aniger, Article « Regards en coulisse… La Joselito », dans : Le Progrès de Bordeaux, 07/02/1942, p. 3 (Gallica)
- Article « La Joselito au Capitole », dans : La Dépêche, 21 mars 1942, p. 2 (Rosalis)
- Argeo Andolfi, Article « Récital Joselito », dans : L’Italie nouvelle, N°109, 10 mai 1944 (Gallica)
- Monique Lise Cohen, Vie de la Joselito selon les paroles de Carmen, Montauban, ed. Cogagne, 1999
- Annie Cathelin, Article « La Joselito à l’Âge d’or du flamenco. Ethnologie d’une passion » dans : Rythmes et lumières de la Méditerranée, Perpignan, PUP, 2003, p. 145-160.
- Serge Pey, Flamenco les souliers de La Joselito, Saint-Sulpice-La-Pointe, Les Fondeurs de briques, 2017
Janine Micheau (1914, Toulouse – 1976, Paris), cantatrice soprano

Janine Micheau, née le 6 janvier 1914 à Toulouse, est une cantatrice soprano célèbre dans la première moitié du 20e siècle. Elle étudie le chant lyrique au Conservatoire de Toulouse, puis au Conservatoire de Paris. Elle obtient le rôle de Chérubin dans Les Noces de Figaro à l’Opéra-Comique de Paris en 1933, ce qui lance sa carrière. Par la suite, elle joue le rôle d’Olympia dans Les Contes d’Hoffmann, de Leïla dans Les Pêcheurs de perles, de Rosine dans Le Barbier de Séville, le rôle-titre de Lakmé, etc. Elle entre ensuite à l’Opéra de Paris en 1940, où elle interprète différents rôles dont celui de Gilda dans Rigoletto, Violetta dans La Traviata, Ophélie dans Hamlet, Juliette dans Roméo et Juliette, etc.
Forte de son succès, elle se produit à l’étranger, à Londres, à Milan, à San Francisco, à Chicago, etc. Curieuse et moderne, elle montre de l’intérêt pour la musique contemporaine. Sur la fin de sa carrière, elle enseigne au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, entre 1960 et 1973. Cette amie de Luis Mariano, meurt à Paris en 1976.

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Article “Au théâtre du Capitole : Mlle Janine Micheau dans Rigoletto« , dans : La Dépêche, 1er avril 1942
Bibliographie
- M. Vignal (dir.), Dictionnaire de la musique, Larousse, 2005 (Gallica)
- Article “Au théâtre du Capitole : Mlle Janine Micheau dans Rigoletto« , dans : La Dépêche, 1er avril 1942 (Rosalis)
Mady Mesplé (1931, Toulouse – 2020, Toulouse), cantatrice soprano

Mady Mesplé est née à Toulouse dans une famille de mélomanes. Elle intègre le Conservatoire de musique de Toulouse à 7 ans et demi. Avant de triompher par le chant, c’est grâce au piano qu’elle gagne d’abord sa vie en accompagnant des concerts de variétés.
Elle fait ses débuts professionnels comme cantatrice soprano à Liège en 1953, puis enchaîne les rôles notamment à l’Olympia de Lyon, et au Festival d’Aix en Provence. Puis elle entre à l’Opéra de Paris. Elle joue le rôle de Lakmé, qui lui permet de montrer la richesse de ses aigus et suraigus. Elle se produit à Garnier deux ans plus tard dans un rôle plus moderne et tragique, éprouvant davantage les sons graves.
Sa carrière prend alors une dimension mondiale et elle enchaîne les débuts dans les plus prestigieuses maisons européennes et américaines, durant les premières années de la décennie 1970. Elle chante ainsi au Metropolitan Opera House de New York en 1973, dans le rôle de Gilda.
Elle est connue également pour ses passages par le petit écran, dans les émissions de Jacques Martin ou La Chance aux chansons dans les années 1980. Elle meurt en 2020 de la maladie de Parkinson, pour laquelle elle s’engage en faveur de la recherche et de la santé.
L’INA a mis en ligne de nombreuses vidéos qui permettent de réentendre sa voix cristalline.

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Extraits sonores : Mady Mesplé et al., Panorama de l’opérette viennoise, 1963
Bibliographie
- Article « Mady, la voix, la maladie », dans : La Dépêche, 14 novembre 2010
- G. Decalf, « La grande soprano Mady Mesplé est morte », sur Radio France, 30 mai 2020
- V. Lehoux, Article « Mort de Mady Mesplé, cantatrice star des années 60 et 70 », dans : Télérama, 31 mai 2020
- T. Hillériteau, Article « Mort de Mady Mesplé, grande voix du Sud, à 89 ans », dans : Le Figaro, 31 mai 2020
- M.-A. Roux, Article « Mady Mesplé, la “Lakmé” du XXe siècle, est morte », dans : Le Monde, 1er juin 2020
- « Mady Mesple : “Renoncer au piano a été un effondrement” », sur Radio France, 9 novembre 2023