Ventadorn : un label occitan 1969-1985
La Nòva Cançon : « La Nouvelle Chanson »
Portés par une conscience occitaniste naissante, des jeunes militants cherchent, au début des années 60, un moyen simple et efficace pour faire entendre leurs revendications. Loin des ministères parisiens, l’Occitanie revendique sa culture et sa langue mise à mal par l’école de Jules Ferry. S’inspirant des chansons de luttes et des prémisses d’un mouvement folk, ils créent la Nòva Cançon.
Après quelques enregistrements isolés d’artistes aux quatre coins de l’espace occitan, le carcassonnais Claude Marti crée l’évènement en 1969 en vendant en trois mois 1 500 exemplaires de son premier 45 tours « Un païs que vol viure ». Dés lors la création d’un label s’impose. Sous la houlette d’Yves Rouquette, poète militant pilier de l’occitanisme, et de l’Institut d’Etudes Occitanes (I.E.O) de Béziers le label Ventadorn voit le jour. Il doit son nom à Bernard de Ventadour célèbre troubadour limousin du 12e siècle.
Mans de Breish, Patric, Los de Nadau, Marie Rouanet,… des artistes de La Novà Cançon
Durant les quatre premières années, poussé par les luttes diverses : anti-militariste au Larzac, anti-nucléaire à Maleville et sociale partout dans le midi où les usines ferment, Ventadorn vend 60 000 disques.
Des artistes de toute l’Occitanie vont affluer vers ce label, ce qui va entraîner un nécessaire changement des statuts : d’associatif il prend le statut commercial d’une S.A.R.L avec quelques particularités. A l’image d’une coopérative, les membres de cette société, chanteurs et militants, décident que les bénéfices seront réinvestis dans le label afin de financer de nouveaux artistes. Le siège social reste à Béziers.
Au cours de ces années, le catalogue se diversifie et s’ouvre à des formes musicales très diverses : musique traditionnelle, musique classique avec la collection « Jòias de la musica occitana », textes lus, chansons pour les enfants… comme la cançon deu lin
ou Daphnis ou Alcimadure, opéra en occitan de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville, dont l’enregistrement public à Montpellier en 1981 avait été confié à Ventadorn. Le livret de cet opéra de 1778 conservé à la bibliothèque de Toulouse, est d’ailleurs accessible en intégralité sur Rosalis.