La Male Beste, figure méconnue du folklore toulousain
Connaissez-vous la MaleBeste ?
La légende de la malebeste, ou Malo Bestio, voire Malo Besto, traverse l’histoire de Toulouse depuis le 15e siècle.
Ainsi, le capitoul Germain de Lafaille (1616-1711) mentionne que les Annales manuscrites de Toulouse auraient contenu en introduction de l’année 1496 un dessin sur deux pages d’une «figure bizarre d’un homme gigantesque, n’ayant qu’un œil au milieu du front, monté sur un cheval monstrueux, qui a plusieurs jambes longues et menues, comme d’une écrevisse ; et à côté est représenté un homme couronné à cheval, avec une lance à plusieurs branches ou bâtons, dont il renverse d’autres hommes aussi à cheval. L’auteur a accompagné cette peinture d’un discours en latin, d’un style semblable à celui de l’Apocalypse, plein de lamentations et de présages terribles».
C’est du moins ce qu’il précise dans ses Annales de la ville de Toulouse de 1688 .
La définition de la Malebeste varie selon les dictionnaires et les époques. Dans le dicciounari moundi de Jean Doujat (17e siècle) le mot a pour sens « moine bourru » ; dans les œuvres de Pierre Goudelin (17e siècle) « être imaginaire ».
Au 19e siècle le dictionnaire Littré la définit comme «Monstre imaginaire qui, dit-on, parcourait la nuit les rues de Toulouse».
Le terme semble d’ailleurs devenir un terme générique au sens de bête folklorique et dangereuse : le bête du Gevaudan, la bête d’Angles et Jean Grenier le lycanthrope (1609) sont tous surnommés Malebeste.
Au 20e siècle, la presse locale enrichit la légende. Le journal L’Etincelle du 12 décembre 1915 prétend que la peinture ayant donnée naissance à la légende était peinte sur une des portes du château narbonnais aujourd’hui disparu.
Le Cri de Toulouse du 1er avril 1928 reprend l’information dans sa rubrique « Vieux contes toulousains ». Dans L’Auta de mars 1932 rajoute qu’on en menaçait les enfants peu sages comme d’un loup-garou toulousain.
La Dépêche du midi la mentionne dans un article sur les mystères de Toulouse.
Enfin, d’après l’ouvrage À la recherche du folklore toulousain (Terra Moundino, 1958), la Malebeste hantait les parages de la place Saintes Scarbes. Pas d’homme couronné avec elle, juste les deux chevaux. Sous la forme d’un âne rôdant toute la nuit, elle offrait son dos aux imprudents qui voulaient s’y asseoir. Lorsque leur nombre était complet, elle allait les jeter dans l’égout de la rue Saint Jacques, pour les dévorer à loisir. Vaste projet.
Malheureusement, la peinture à l’origine de la légende n’est pas parvenue jusqu’à nous. Elle fut probablement détruite durant l’autodafé révolutionnaire du 10 août 1793 à Toulouse. C’est pourquoi l’équipe Rosalis vous présente, en exclusivité mondiale, une esquisse de la Malebeste.