Chiffonnette : histoire d’une petite fille qui n’était pas sage tous les jours…

… À travers ce roman édifiant publié en 1863 par Mme de Villeblanche, découvrons le destin de la pauvre Chiffonnette, qui nous donne un aperçu de l’éducation des petites filles au 19è siècle, ou comment à force d’obéissance, de bonté et de modestie, une pauvre orpheline malmenée par la vie parvient à atteindre le bonheur…

L’histoire de Chiffonnette

Chiffonnette se remémore le temps de l’enfance heureuse à Rio de Janeiro au Brésil, avant que le départ de son père ne provoque une série de malheurs. Restée trop longtemps sans nouvelles de son mari, sa mère meurt en effet de chagrin et de désespoir. Orpheline, Chiffonnette est recueillie par une famille d’européens pour qui elle n’a que très peu d’estime.

Ces anglais se comportent effectivement en colons avec les populations autochtones. Voilà l’occasion pour la narratrice de relever ce contexte historique où l’Europe conquérante se permettait d’avilir de pauvres gens sur leurs propres terres et de les réduire en esclavage pour augmenter ses richesses. Réfutant cet esprit conquérant et dominateur, elle s’attire les foudres de sa famille d’accueil qui décide de l’exiler au fin fond de l’Amazonie avec sa nounou « négresse » qui a toujours pris soin d’elle.
Ce voyage est alors un prétexte pour offrir des passages instructifs sur la faune et la flore brésilienne… de quoi assouvir la soif d’exotisme des petites lectrices européennes.

Plus tard, notre héroïne quitte le Brésil pour retrouver sa terre d’origine. Elle traverse alors l’Atlantique et nous fait partager sa vie au sein de l’équipage du bateau qui la ramène en France. Un matelot, peu instruit, la protège alors et lui permet de goûter à la simplicité d’une vie modeste. Grâce à lui, Chiffonnette retrouve à Paris, une amie de sa mère qui lui offre confort de vie, instruction et éducation. Elle s’aperçoit rapidement que sans cadre rigoureux d’éducation, s’insérer dans la société est difficile. Mais après un apprentissage un peu compliqué de sa nouvelle vie, tout rentre dans le « bon » ordre. Chiffonnette connaît enfin le véritable bonheur, lorsqu’à la fin de cet ouvrage nous la voyons retrouver son père.

Ce que nous apprend ce roman de l’éducation des petites filles

Cet ouvrage s’inscrit dans la tradition des parutions du 19è siècle. Chiffonnette apparaît comme une enfant courageuse qui fait preuve de bon sens, d’esprit critique mais aussi de curiosité. Cela atteste que désormais l’enfant est reconnu dans sa spécificité. On lui offre de ce fait une production littéraire adaptée aux besoins de la société du 19è. , dans laquelle on voit se multiplier des romans éducatifs, fortement teintés de morale religieuse.
En s’adressant à  ses lectrices au début du roman, Chiffonnette rappelle qu’elle est une petite fille, sûrement comme beaucoup d’autres, avec des défauts « si difficiles à corriger ». Elle s’excuse d’avoir parfois été insupportable, mais elle a des circonstances atténuantes. N’a-t-elle pas été laissée à l’abandon sans personnes exemplaires pour la guider ? Elle rassure également les parents, car cette histoire tragique respecte la bonne moralité de l’époque : apologie de l’amour, de l’instruction et de l’éducation donnés par les parents, avec au passage une petite pensée pour le bienfaiteur suprême, Dieu.

Le roman signé de Madame de Villeblanche (pseudonyme de Blanche Seuriot), à cette époque la directrice et fondatrice du journal « La Poupée Modèle, Journal des petites filles », est structuré comme les causeries que l’on retrouve dans les journaux s’adressant aux jeunes filles, qui se multiplient dans ce contexte de Second Empire. L’héroïne interpelle directement ses lectrices. Avec un style dynamique, joyeux et enlevé, Mme de Villeblanche permet aux petites filles d’entrer dans la vie et les pensées de Chiffonnette, qui somme toute, malgré ses malheurs, trouve l’énergie de croire en un avenir meilleur.

Chiffonnette : histoire d’une petite fille qui n’était pas sage tous les jours fait partie d’une collection de livres d’étrennes édités par Joseph Vermot, avec un magnifique cartonnage éditeur de percaline rouge, agrémenté de gravures (planches et vignettes) en noir de Yan’ Dargent.

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