Connaissez-vous L’ami des enfants ?

Il s’agit bien entendu d’Arnaud Berquin, l’un des écrivains ayant œuvré pour dynamiser le secteur de la littérature d’enfance au 18e siècle. Sous le titre de L’ami des enfans, on retrouve les premiers volumes de publications en série destinées à la jeunesse.

Arnaud Berquin (1747-1791), conteur ingénieux, premier guide de l’enfance, a consacré sa vie à l’amusement et à l’instruction de la jeunesse. Il s’est fait connaître grâce à ses Idylles (1775) puis ses Romances (1776). Il révèle en quelque sorte au public les premières émotions « d’un cœur pur » et il obtient un rang distingué parmi les gens de lettres. Devenu précepteur des enfants de Charles Joseph Panckouke, il se spécialise dans les écrits pour la jeunesse, publiant en 1777 un recueil de Lectures pour les enfans ou Choix de petits contes. Mais c’est surtout avec les vingt- quatre numéros de L’ami des enfans, publiés pour la première fois en 1782-1783, qu’il passe à la postérité. Il inaugure en France les publications en livraisons périodiques destinées aux plus jeunes, associant durablement son nom à un genre, celui de petites histoires morales ancrées dans le quotidien enfantin, et parfois qualifiées péjorativement de « berquinades ».

Les berquinades auront cependant un franc succès tout au long du 19è siècle et même au-delà ; les multiples rééditions en témoignent. Bien qu’appartenant à la période révolutionnaire, il paraît sous de multiples formes jusqu’en 1935.

Ses livres représentent pour lui un lien entre les parents et les enfants, une nouvelle façon de communiquer. Il souhaite faire aimer le bien en exaltant le bonheur. Il aime ainsi se perdre dans la romance, un style qu’il conçoit d’une façon toute personnelle : elle servirait à entretenir les relations familiales, tout en conservant l’innocence, la simplicité et en restant conforme aux bonnes mœurs.
Dans sa démarche, Arnaud Berquin affirme sa position d’amuseur et d’éducateur par le livre. Il ne souhaite cependant aucunement concurrencer l’école. Il destine ses histoires aux deux sexes et préconise la diversité des genres (épistolaires, histoires, dialogues…) dans les différents volumes de L’Ami des enfans.

Dans ses ouvrages, il privilégie la raison et exclut les contes de fées et autres légendes. Il préfère ne pas égarer les jeunes dans les fictions extravagantes ou dans les frasques de l’imagination. Il précise ainsi dans les avant-propos de ses ouvrages que L’Ami des enfans a un double objet : « amuser les enfants et les porter à la vertu, en l’offrant à leurs yeux que sous les traits les plus aimables ». Les aventures qu’Arnaud Berquin partage avec son lectorat gardent un caractère réel et possible : recontextualisées dans un environnement familial simple, les lecteurs se reconnaissent dans des situations qui leur sont familières.

Arnaud Berquin revendique également l’utilisation d’un langage simple et efficace dans sa production littéraire. Étant aussi rédacteur au Moniteur Universel, l’ancêtre du Journal officiel, créé en 1789 par Panckouke, il sait utiliser le style journalistique pour s’adresser à un public élargi. Sa démarche favorise toujours la communication.

Depuis la Révolution, il cherche également à être utile et publie la Bibliothèque des villages pour éclairer les villageois sur leurs droits et leurs devoirs. Pour Arnaud Berquin « tous les hommes répandus sur la surface de la terre forment une seule et grande famille »… ; pour lui la famille est un élément fondateur pour l’humanité. Ce modèle s’applique au village, pour aller jusqu’à l’Empire et devenir un modèle politique. Ainsi les parents ordonnent en toute légitimité et connaissance de cause… et « les enfants obéissent avec soumission »!

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